Un nouvel organisme voit le jour, Infrastructures technologiques Québec, dont le mandat sera d’offrir des solutions communes en technologie de l’information aux ministères et organismes afin d’opérer le virage numérique.
Publié le 01 septembre 2020 à 06:13
Québec – Les fonctionnaires québécois diront bientôt au revoir au téléphone classique et bonjour aux « bureaux virtuels ». Québec franchit ce mardi une nouvelle étape de son virage numérique avec la création d’une nouvelle entité qui aura l’unique responsabilité de déployer des solutions technologiques pour l’État.
FANNY LÉVESQUE
La Presse
Infrastructures technologiques Québec ou « ITQ » naît officiellement avec la dissolution du Centre de services partagés du Québec (CSPQ), en vigueur le 1er septembre. Sa mission : offrir des solutions communes en technologie de l’information (TI) aux ministères et organismes afin d’opérer le virage numérique.
Le ministre délégué à la Transformation numérique Éric Caire est clair : l’ITQ, « c’est un élément-clé pour qu’on arrête de parler du bordel informatique, […] pour que l’on voie le gouvernement comme une référence en matière de gestion des TI et non plus comme cette espèce de cancre qui ne réussissait rien de ce qu’il entreprenait ».
Mis en place en 2005, notamment pour centraliser les achats informatiques du gouvernement, le CSPQ a fait l’objet de plusieurs critiques au fil du temps, entre autres de la part de la vérificatrice générale pour l’attribution de contrats informatiques trop chers.
Un autre organisme, le Centre d’acquisition gouvernementale, est aussi créé par la dissolution du CSPQ pour s’occuper des achats regroupés du gouvernement.
Éric Caire, ministre délégué à la Transformation numérique
« C’est un gros travail de préparation. Il ne faut pas penser que l’on prend le volet TI du CPSQ et qu’on lui donne un autre nom. »
— Éric Caire, ministre délégué à la Transformation numérique
« On veut que l’TIQ fasse tout ce qui est relié à la gestion des infrastructures technologiques à portée gouvernementale, mais qu’il se spécialise ; on veut acquérir un haut niveau d’expertise. […] Je veux que ce soit un fleuron », a-t-il déclaré.
En entrevue avec La Presse, il admet que le Québec a « du rattrapage à faire » dans tous les aspects de la transformation numérique.
Bureaux virtuels pour les fonctionnaires
L’un des premiers grands chantiers de la nouvelle entité sera « le dossier de la téléphonie IP » qui consiste à se « débarrasser de toutes les infrastructures téléphoniques classiques » des bureaux de la fonction publique.
« Pour la majorité de nos fonctionnaires, ça veut dire […] que tu te débarrasses de ton téléphone. Ton téléphone, ça devient ton ordinateur, ta tablette ou ton téléphone intelligent », illustre le ministre Caire. Les économies se chiffreront « en millions de dollars » pour le gouvernement québécois, estime-t-il.
Québec veut notamment remplacer les téléphones classiques des fonctionnaires de l’État par la téléphonie IP et d’autres appareils mobiles facilitant le travail à distance.
Ce virage n’est pas étranger au souhait de M. Caire de créer un « environnement de travail virtuel » pour les fonctionnaires de l’État. Cette visée a évidemment été accélérée par la pandémie de COVID-19 qui a forcé le gouvernement Legault à placer quelque 70 000 de ses employés en télétravail, en mars dernier.
« En bon français, ça veut dire que […] tous les outils dont tu as besoin au quotidien sont dans un environnement virtuel. Que tu sois chez toi, dans un café ou à Paris, tu as accès à ton bureau. »
— Le ministre Éric Caire
L’objectif de Québec est qu’entre « 10 et 30 % » des fonctionnaires demeurent en télétravail après la pandémie. Déjà, le télétravail a permis à l’État de faire des économies de 18 millions.
Fini les serveurs « dans un garde-robe »
L’ITQ aura aussi le mandat de centraliser les 577 centres de traitement de l’information (CTI) pour les ramener dans 3 sites principaux (Québec, Drummondville, Montréal). Les CTI sont les sites qui accueillent des serveurs où sont stockées « des informations gouvernementales sensibles ».
« Ce sera plus facile d’en assurer la sécurité, plus facile de t’assurer que ton infrastructure est performante. À 577 sites, il y en a qui sont des garde-robes, d’autres qui sont “protégés” par des gicleurs à eau […] C’est des aberrations comme ça », dit-il.
La centralisation des CTI doit engendrer des économies de 180 millions sur 10 ans, précise le ministre. « C’est surtout des gains en efficacité », nuance-t-il. D’ici 2023, les serveurs réservés à l’administration publique seront regroupés alors qu’il faudra attendre à 2025 pour ceux des ministères de la Santé et de l’Éducation.