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Pourquoi FaceTime ne peut remplacer les rencontres en personne

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Dans cette période de distanciation physique stricte, de plus en plus de gens ont recours aux technologies numériques pour le travail et leur communication personnelle. Si des plates-formes comme Zoom sont devenues un élément essentiel du télétravail et de l’apprentissage à distance, nous sommes nombreux à remplacer les rencontres en personne par celles via FaceTime, Houseparty, Messenger et Google Hangouts.

Les utilisateurs de Zoom ont déjà fait part de leurs inquiétudes concernant la protection de la vie privée et des informations. On a signalé des réunions piratées et des milliers de comptes Zoom ont été vendus sur le Web profond. Cependant, même une fois qu’on a réglé les failles liées à la protection de la vie privée, les communications numériques demeurent insatisfaisantes.

En tant que chercheurs qui étudient la santé numérique et les technologies émergentes, nous sommes préoccupés par la façon dont ces nouvelles technologies peuvent améliorer ou compliquer les relations avec nous-mêmes et notre entourage.

Contact visuel à l’écran

Des recherches en psychologie montrent que le contact visuel fournit une foule d’informations dans un cadre collectif. La personne qui écoute, en maintenant un contact visuel direct avec le locuteur, démontre son intérêt et son attention. Pour la personne qui parle, un manque de contact visuel lui permet de déceler qu’elle a perdu l’intérêt de ses auditeurs. Le contact visuel est un signal social solidement ancré qui permet de savoir si les gens nous écoutent lorsqu’on parle.

Cependant, cette information fait souvent défaut dans les communications numériques. Même si on peut voir les gens à l’écran, ceux-ci regardent notre visage sur leur écran et non la caméra, rendant le contact visuel direct impossible. Parfois, les visages des personnes auxquelles on s’adresse ne sont pas visibles et il n’y a aucune garantie qu’elles nous regardent ni qu’elles écoutent ce qu’on dit. Les fonctions qui placent la personne qui parle au centre de l’écran présentent les mêmes inconvénients, à savoir l’incapacité d’avoir un contact visuel direct.

Le langage corporel et des gestes tels que gigoter, croiser les bras ou remuer les pieds indiquent si une personne est compatissante, engagée dans la conversation ou prête à partir, ainsi que plusieurs autres choses. Cette forme de communication non verbale est un élément important de la communication tant professionnelle que personnelle. On peut l’utiliser pour souligner et renforcer certains points, compléter ce qu’on dit ou transmettre des informations supplémentaires.

L’une des raisons pour lesquelles les informations non verbales semblent absentes de la communication numérique est qu’il leur faut un espace matériel en trois dimensions alors que la communication numérique se fait sur un écran plat. Il est impossible de toucher quelqu’un sur FaceTime ou de se pencher vers l’avant ou l’arrière pendant la conversation. Si les plates-formes de communication numérique permettent de passer un message, il manque les nuances complexes qu’on trouve normalement dans tout échange.

Micro-expressions faciales

Les micro-expressions sont des expressions faciales qui se produisent souvent à notre insu. Bien qu’elles se produisent en réaction à ce qui est dit, elles sont inconscientes plutôt que délibérément conçues pour correspondre au ton de la conversation. Dans le cadre d’une communication numérique, les micro-expressions peuvent ne pas être visibles si la connexion Internet cause un décalage ou si la caméra du téléphone ou de l’ordinateur n’est pas de très bonne qualité.

Comme notre cerveau capte et traite les micro-expressions plus rapidement qu’on ne les saisit consciemment, on reçoit un flot d’informations apparemment concordantes qui peuvent nous aider à diriger la conversation. Lorsque ce flot est interrompu, on doit traiter les expressions faciales de façon consciente plutôt qu’automatique. Cela peut entraîner de la fatigue ou des malentendus.

Un des problèmes les plus courants est la difficulté de se joindre à la discussion au bon moment. Alors que normalement, les micro-expressions permettent de comprendre quand le locuteur a terminé, maintenant on doit le deviner. Presque tout le monde a déjà vécu une situation où tous les participants parlent en même temps, incapables de savoir quand intervenir.

Les cafés virtuels

Si la communication numérique s’est révélée être un élément important dans une situation de distanciation physique, ses lacunes sont plus évidentes que jamais. La communication humaine est complexe et dynamique, et pour qu’elle fonctionne bien, elle nécessite une intégration harmonieuse de ses composantes verbales et non verbales. Si FaceTime peut servir de substitut pratique aux rendez-vous au café avec les amis et la famille, il est très peu probable que la communication numérique en vienne remplacer les rencontres en personne.

Même si nous passons beaucoup de temps à parler à nos amis et à notre famille, la quantité d’information transmise est limitée par l’image en deux dimensions des écrans de nos ordinateurs et de nos téléphones. À mesure que les caméras et les microphones deviennent plus sensibles, la communication numérique devrait s’améliorer elle aussi. Mais elle ne remplacera pas de sitôt la bonne vieille étreinte en chair et en os.

Anna Rudkovska

PhD Candidate, School of Health and Rehabilitation Sciences, Western University

Wuyou Sui

PhD Candidate, Exercise and Health Psychology Lab, Western University

Disclosure statement

The authors do not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and have disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.


Pour plus d’articles par des chercheurs et des universitaires, visitez The Conversation.

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